mercredi 23 septembre 2015

Pas pleurer - Lydie Salvayre

Que dire sinon que j'ai aimé, apprécié ce roman. Il a reçu, on le sait, le prix Goncourt en 2014 et il le mérite parce qu'il est joli, intelligent, puissant même. Il raconte, ce livre, les souvenirs de Montse, la mère de l'auteure. Il raconte le début de la guerre civile espagnole, celle qui a vu s'opposer, à partir de juillet 1936, les républicains (gauche/extrême gauche) et les nationalistes attachés à Franco (droite/extrême droite). Il raconte le bonheur d'une jeune adolescente, d'une jeune paysanne qui découvre, pendant cette guerre civile, un peu la Liberté; cette Liberté qui l'a marquée au point qu'âgée elle n'a retenu de sa vie que cette année. 1936 est, pour Montse, l'année d'un bonheur inoubliable, l'année qui a bouleversé le cours de son existence, qui l'a fait entrer dans la vie d'adulte; une année qui signifie tout autre pour l'Histoire et celles et ceux qui l'ont raconté. 1936, c'est en effet, pour nous, le début de l'horreur en Espagne, le début de l'épreuve, de la dictature qui marquera le pays pendant de longues années; et le drame nous est ici raconté par Bernanos, un catholique, qui dénonce la connivence de l'Eglise avec les nationalistes, son soutien aux assassins, sa participation aux massacres. Ce livre trace ainsi le parallèle. Il confronte les souvenirs qui sont propres à chacun. Nonobstant, n'allez pas croire, cher(s) lecteur(s), que Montse n'a rien connu de la guerre, qu'elle en a été protégée et qu'elle a, de ce fait, de cette année 1936, un souvenir heureux et inoubliable. Montse, en nous livrant un peu de sa vie, nous explique, elle aussi, la guerre. Elle parle des ambitions, des utopies, des rêves et énergies. Elle parle des exaltations, des désillusions, des violences qui s'impriment dans les corps et les esprits. Elle parle de son village et de son Espagne. Elle parle de son bonheur et de sa douleur. Et elle en parle bien, avec une langue amusante, mi français mâché, mi espagnol; un parlé qui peut faire brouillon mais qui m'a plu par son authenticité. Alors merci à Lydie Salvayre, merci à elle de faire revivre les souvenirs de sa mère, merci à elle de nous les avoir confiés. C'était, pour moi, un plaisir de les écouter.

 Pas pleurer, Lydie Salvayre, Seuil, 279p, 18.50€

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