mercredi 26 août 2015

Une histoire de la violence au Moyen Orient - Hamit Bozarslan

Du Moyen-Orient, on retient beaucoup la violence qui se répand. Depuis la fin de l'Empire ottoman et son démantèlement, la région est connue pour son instabilité et le sang qui s'écoule. Ce sont les guerres et les révoltes, les attentats et les assassinats... vu d'ici, quand on ne fait que regarder les images à la télé, on finit par penser à la barbarie et la folie de ces gens qui ne connaissent pas la paix. Mais il suffit de se pencher sur l'Histoire pour comprendre un peu mieux cette violence qui étonne et écœure; cette violence qui aujourd'hui (par le passé aussi) atteint nos pays en plein cœur. Pourquoi les régimes autoritaires dominent la région? Pourquoi la coercition comme principal mode d'action? Pourquoi l'apparition d'organisations terroristes? Ce livre, complet et d'un grand intérêt, répond à ces questions. Il nous raconte et nous écrit la violence au Moyen-Orient, les conditions de son apparition et les conséquences de son utilisation. Partant des Empires ottoman et perse, de leur démantèlement, de l'organisation administrative et politique du territoire, de l'apparition des régimes mandataires et d'Etats autoritaires, Hamit Bozarslan, directeur d'études à l'EHESS, montre avec une brillante efficacité les résultats des politiques jusque-là décidées: c'est la violence; la violence qui ne finit pas de se déployer. Le livre est bien entendu à conseiller. 

   Une histoire de la violence au Moyen-Orient, Hamit Bozarslan, La Découverte, 319p, 24€


Le goût des jeunes filles - Dany Laferrière

Je pensais à un roman festif, coloré et bien piquant, j'ai trouvé, à la place, un roman noir, sombre et consternant. Plus que la joie et la bonne humeur, ces filles qui font l'admiration du narrateur m'ont, en effet, transmis quelque chose qui relève d'une gêne et d'une peine. J'ai été triste pour elles, pour leur vie, pour les drames et les malheurs qu'elles avaient à subir. Elles veulent échapper à la tristesse de leur pays en profitant de leur jeunesse, en usant de leur corps, en tirant profit de leur beauté mais elles le font avec une certaine démesure, avec une certaine sauvagerie qui donne l'impression d'une fuite en avant comme s'il fallait vivre la vie à pleine dent tant elle est fragile et volatile. Dans ce pays que je ne connais pas, l'Haïti, elles essayent de survivre en riant à gorge déployée. La note sonne fausse et ce n'est pas la joie qu'on ressent car elles ont beau s'habiller de lumière, le décor est trop sombre pour émerveiller. Dans ce pays si violent, leur sexualité débridée ne fait qu’écœurer parce qu'on a l'impression qu'elle n'existe que pour leur assurer la vie. Ce n'est pas ce que j'appelle, moi, la Liberté. C'est plutôt ce que j'appelle, moi, une monnaie d'échange, un ticket de rationnement. Passé ces instants de gêne, je dois reconnaître le talent de l'auteur qui sait écrire de différentes couleurs. Sa plume évolue, se modèle selon les personnages qui parlent et racontent. C'est bien fait et bien écrit mais ça n'a pas suffit pour faire de ce roman un coup de cœur. 

Le goût des jeunes filles, Dany Laferrière, Folio, 393p, 8€


samedi 22 août 2015

Le goût des pépins de pomme - Katharina Hagena

Quel agréable roman! Doux et sucré, tout à fait charmant. J'ai pris beaucoup de plaisir à le lire et à découvrir l'histoire de cette famille allemande racontée par Iris, jeune femme de 27 ans. Elle nous raconte les femmes qui ont habité la maison familiale, à elle désormais, sa grand-mère le lui ayant effectivement léguée. Mais Iris hésite: doit-elle la garder ou la céder? En restant quelques jours dans la maison, Iris se rappelle: sa grand-mère qui oublie progressivement, ses tantes jolies et bien charmantes, sa mère attachée au pays, sa cousine Rosemarie et son amie; elle se rappelle sa propre enfance... les murs de la maison et le jardin si bien décrit et raconté lui rappelle en effet un passé qu'elle n'est pas prête d'oublier. C'est l'oubli que raconte ainsi le roman. Il pense les souvenirs, le temps qui passe et l'amnésie. Il réfléchit à ce qui fait toute une vie: la boîte à mémoires. Et il le fait bien. Le goût des pépins de pomme est, en effet, délicieux. Il est un régal qu'il faut savourer avec douceur et lenteur. Je le conseille, naturellement.

Le goût des pépins de pomme, Katharina Hagena, Le Livre de poche, 288p, 6.60€


vendredi 21 août 2015

L'amour dure trois ans - Frédéric Beigbeder

Que dire, que penser à propos de ce livre que je n'ai pas aimé? Ni le fond, ni la forme ne m'ont enthousiasmée. Je n'ai guère pris de plaisir à découvrir l'âme tourmenté de Fréderic Beigbeder. Il s'est marié, a trompé sa bien-aimée avec une femme qu'il aime éperdument et qui lui résiste parce qu'elle ne veut pas, elle, divorcer de son mari. Et vas-y alors que je te parle de bite et de vomi, de baise et de tromperie, d'alcool et de soûlerie. Qu'elle est vide la vie de ce personnage! Qu'elle est vide cette tête qui se veut bien remplie! Tellement vide que je me suis ennuyée à lire son roman autobiographique. Le divorce, la séparation, les tourments amoureux sont toujours intéressants à raconter mais il faut, pour réussir à les exploiter, beaucoup de talents et une intelligence dans l'analyse. Rien qui se retrouve dans ce roman. Que fait, en effet, Frédéric Beigbeder à part nous raconter sa bile et sa bite? Je n'ai pas de mal, vous le voyez, à appeler les choses par leur nom. Un chat est un chat, une bite est une bite. Ce n'est donc pas le langage cru de l'auteur qui m'a dérangé mais sa grossièreté. Il est grossier dans sa façon d'être, de juger et de penser. Il est grossier dans sa manière de vivre la vie. Quel intérêt a-t-il à nous la raconter? Pourquoi nous révèle-t-il son intimité? Pour avoir quelque chose à écrire sans penser lui qui finit par reconnaître que l'amour, heureusement, ne dure pas que trois ans? Honnêtement, je m'en passerai et pour que vous ne perdiez pas votre temps je ne vous le conseillerai aucunement.

L'amour dure trois ans, Frédéric Beigbeder, Le Livre de poche, 352p, 5.90€

jeudi 20 août 2015

No et moi - Delphine de Vigan

Après Les heures souterraines que j'ai beaucoup aimé, Rien ne s'oppose à la nuit que j'ai moyennement apprécié, je retrouve Delphine de Vigan, une auteure de talent, avec No et moi, un roman très émouvant. Émouvant en effet, ce livre l'est incroyablement. Il raconte l'histoire d'une rencontre: celle de deux jeunes filles à la vie bien triste et tragique. C'est Nolwenn, une SDF de 18 ans, et Lou, une surdouée de 13 ans, qui se lient d'amour et d'amitié. C'est beau, c'est triste, c'est dramatique et touchant. On a de la peine pour ces filles qui souffrent d'une absence d'amour, on a de la peine pour la violence qui s'abat sur elles. Nolween ne connait rien d'autres que les malheurs de la rue; quant à Lou, petite fille à la grande intelligence, elle se perd dans la dépression de sa mère. Ainsi, loin des strasses et des paillettes, Delphine de Vigan continue d'explorer ces personnages qui sont les héros de la vie; ces hommes et femmes qui essayent de vivre malgré les violences et les blessures, malgré les injustices subies. Par sa plume tendre et émouvante, solidaire et bienveillante, Delphine de Vigan rappelle la triste réalité, celle qui s'abat sur ces pauvres gens que la société a abandonné et mis de côté. Le livre est à conseiller pour sa grande humanité. 

No et moi, Delphine de Vigan, Le Livre de Poche, 250p, 6.30€


mardi 18 août 2015

Voyage fatal - Kathy Reichs


Que dire à propos de ce thriller sinon que je ne l'ai pas vraiment apprécié. Il se lit, il se suit mais sans passion ni grand intérêt. Je l'ai lu sans conviction. Le rythme est lent, le suspens est néant. Il n'y a pas de surprise, pas d'inconnu. C'est du déjà-vu, déjà entendu. La quatrième de couverture avait pourtant de quoi intéresser. Elle parle d'une anthropologue judiciaire, Temperance Brennan, qui découvre sur le lieu d'un crash où elle a été dépêchée un pied n'appartenant à aucun des passagers décédés. Commence alors une enquête qui l'amène à ce qu'elle n'avait guère imaginé. Rien de bien passionnant pour ma part, aussi je l'oublierai ... 

Voyage fatal, Kathy Reichs, Edition France Loisirs, 541p, 9.99€


lundi 17 août 2015

Winston Churchill - François Kersaudy

Plus de deux semaines pour lire la vie et le parcours de ce célèbre personnage; plus de deux semaines pour découvrir les traits connus de son caractère; un moment intéressant quand on ne connait rien, comme moi, de Winston Churchill. Il était Premier ministre de l'Angleterre pendant la seconde guerre mondiale, il aimait le cigare, l'alcool, le whisky and coca ... mais après? Que savais-je sur lui? Rien. En ai-je appris grâce à cette biographie? Bien évidemment. J'ai appris sur sa personnalité, son tempérament. J'ai appris sur sa vie privée et publique. Il était, selon François Kersaudy, énergique et dynamique, courageux et combatif, efficace et travailleur. Il était un bourreau de travail qui ne supportait pas l'ennui; un orateur, écrivain, un peintre. Il était ce bon vivant qui aimait les plaisirs de la vie, qui se passionnait de politique parce qu'elle lui offrait le pouvoir de décision. Winston Churchill, en effet, était un homme d'action, un homme qui voulait commander, qui voulait agir pour les biens de son Empire surtout lorsqu'il était menacé. Aussi n'est-on pas surpris de le trouver aux commandes d'un ministère et d'un gouvernement lors des deux guerres mondiales; des guerres qui, en même temps que l'horreur, ont fait entrer l'homme dans l'Histoire. Sans elles, en effet, il n'aurait peut-être pas marquer la vie et les esprits. Sans elles, il n'aurait peut-être pas mérité une biographie. Peut-on dès lors le raconter sans les visiter?

A lire le présent ouvrage, la négation semble s'imposer. François Kersaudy, en écrivant la personnalité de Winston Churchill, ne fait, en effet, que les évoquer. Il parle beaucoup du rôle que l'homme a joué pendant les guerres effroyables qui ont été menées. Il parle de ses capacités, de son talent. Il parle de son génie au point que Churchill semble parfait. Voilà le bémol. Churchill, dans cette biographie, se révèle extraordinaire et exceptionnel au point que l'on remercierait Dieu de nous l'avoir envoyé pour sauver l'humanité de l'effroyable guerre. Peut-être l'auteur a-t-il raison. Peut-être était-il ce personnage aux rares qualités mais y'a-t-il quelqu'un pour y croire vraiment? François Kersaudy tempère son propos en évoquant quelques-uns de ses défauts mais il semble si minimes qu'on peine à croire à l'objectivité. L'auteur est impressionné par Churchill et tout son ouvrage tant à montrer les qualités exceptionnelles de l'homme politique anglais. Malheureusement, je n'ai pas participé à l'enthousiasme affiché. Churchill ne m'a pas impressionné, la faute à l'auteur qui insistait beaucoup trop sur cet aspect, passant à côté de ce qui aurait pu, moi, m'intéresser. J'aurais aimé en savoir davantage sur les idées politiques du personnage. Quelles sont précisément ses idées et ses opinions? Elles sont évoquées mais très vite oubliées. François Kersaudy préfère évoquer la direction militaire et stratégique de la guerre. Il préfère les chiffres et les statistiques: combien d'armes et de navires il manquait; combien de soldats il fallait rassembler etc .... autant d'éléments qui, moi, ne me passionnent pas vraiment. A chacun son intérêt et sa curiosité.

En lisant le présent ouvrage, j'ai eu également l'impression de tourner en rond. L'auteur raconte à partir de répétitions. Churchill touche le succès, tombe dans la défaite, connait une période de rejet avec un manque financier mais, animé, passionné et toujours en pleine activité, il renaît de ses cendres. C'est, en résumé, un Phoenix bien puissant. Pourquoi pas, c'est la vie après tout. Mais est-il agréable de lire sur papier les répétitions vécues en réalité? Pas forcément. En bref et pour résumer, j'ai aimé découvrir un peu de la personnalité de Winston Churchill mais j'espérais davantage sur ses idées, les 715 pages lues ne les ayant pas vraiment exposées. 

Winston Churchill, François Kersaudy, Edition Tallandier, 715p, 27€