mardi 30 juin 2015

Kurdistan, la colère d'un peuple sans droits - Olivier Piot & Julien Goldstein


A toutes celles et ceux qui ne connaissent pas l'histoire du peuple kurde et qui veulent, par les temps qui courent, en savoir davantage, cet essai est à conseiller. Il présente ce qu'on appelle par effet d'habitude la "Question kurde"; question à la fois simple et compliquée. Simple parce qu'il s'agit d'un peuple sans Etat qui vit sous l'autorité contestée de la Turquie, de l'Iran, de l'Irak et de la Syrie; complexe parce qu'il faut, pour la comprendre, prendre en considération des facteurs historiques, sociologiques, politiques, économiques internes et externes à la société kurde. Bien sûre, ce livre n'entre pas dans les détails de l'Histoire. Il en trace les grandes lignes pour assurer la vulgarisation. Et c'est plutôt réussie. Le journaliste Olivier Piot et le photographe Julien Goldstein présentent et illustrent, en effet, avec efficacité, la Question kurde. Ils racontent la répression que les Kurdes subissent, la souffrance endurée lorsqu'ils osent exprimer leurs revendications, la misère et la pauvreté, les difficultés internes et externes qui font du "Grand Kurdistan" un rêve progressivement abandonné ... Ils racontent ce qu'il faut savoir pour comprendre un peu cette question kurde qui continue à interroger la légitimité des frontières politiques et administratives dessinées au lendemain de la première guerre mondiale. Ils racontent suffisamment pour permettre aux non-initiés de connaitre ce qu'ils ignoraient et peut-être, s'ils gagnent en curiosité, de fouiller une littérature, sur les Kurdes, de plus en plus nourrie et alimentée.

Kurdistan, la colère d'un peuple sans droitsOlivier Piot & Julien Goldstein, Editions Les Petits matins, 254p, 27€

lundi 22 juin 2015

Service militaire en Turquie et construction de la classe de sexe dominante - Pınar Selek

Que dire? J'étais curieuse de lire l'ouvrage, en langue turque au départ. Traduit en français, je me suis finalement dirigée vers la bibliothèque pour l'emprunter. Résultat des courses, j'ai bien fait de ne pas l'acheter car il ne mérite pas les éloges qui lui sont faits. Qu'apprend-t-on, en effet? Que l'armée turque sert à affirmer la virilité de l'homme qu'elle veut parfait pour les bienfaits de la société dite patriarcale; qu'elle modèle le sexe masculin selon les stéréotypes partout véhiculés; qu'elle impose la violence et l'humiliation; qu'elle fonctionne à partir d'une hiérarchisation; que les conscrits finissent, en majorité, par intégrer et justifier ce mode de fonctionnement, convaincus qu'ils sont, comme beaucoup au sein de la société, que l'armée est un lieu par lequel il faut passer pour apprendre à souffrir et construire son identité, sa maturité, sa virilité. A partir des nombreux témoignages, on aperçoit ainsi un peu de ce qui fait la vie du conscrit, un enfer, dans une institution militaire qui ne sert apparemment à rien tant, semble-t-il, la vie y est ennuyante et assommante. Le citoyen turc y passe pour payer sa dette à l'Etat, comme certains se plaisent à le dire, et finit par apprendre, à coups de bastonnades et de vexations, à devenir l'homme viril et responsable de la famille et de la patrie. Le propos n'est pas à contester. Ce qui l'est, en revanche, c'est le procédé. Pınar Selek, dans ce livre, ne fait rien d'autre qu’enchaîner les témoignages. Ils ont leurs intérêts, bien sûre, mais ils ne peuvent malheureusement suffire à faire le travail qui se veut sociologique. Or, où est la sociologie dans ce livre? Où est la matière intellectuelle? La démarche "scientifique"? La construction de l'argumentation? Comment parvient-elle à répondre à une de ses questions de départ qui surgit au lendemain de la mort de Hrant Dink et qui l'amène à s'interroger sur ce "système qui insidieusement transforme un bébé en assassin" (p. 29)? Elle interroge la construction de la "virilité" au sein de la société turque, l'image qui en est faite et le processus d'apprentissage de la "masculinité", bien, mais pourquoi avoir choisi l'armée comme laboratoire quand il existe d'autres institutions (familles, écoles... etc) influentes dans la construction de la "masculinité"? Pourquoi pas, me dira-t-on? Bien sûre mais ce n'est pas aussi simple. Qui a mené ou mène une recherche en sciences sociales sait que le chercheur(e) doit justifier ses choix, théoriques et méthodologiques; qu'il doit expliquer la raison d'être de son objet d'étude et de sa problématique. Rien de bien convaincant ici. Pınar Selek explique mais la construction de son projet est défaillante, pas solide. A quelle question de départ, quelle problématique répond-t-elle précisément? "Comment un bébé se transforme-t-il en assassin?", "comment les hommes deviennent hommes en Turquie (p.32)"?, "quel est le rôle du service militaire dans la construction de la masculinité?" (p.32) ? Vous concevrez qu'il ne s'agit jamais de la même question et qu'elle doit, si elle voit un lien entre chacune d'elle, nous l'expliquer avec précision. En l'absence de toute explication, on s'interroge forcément sur la construction de son argumentation qui, je dois le dire, perd beaucoup, dans ce livre, en efficacité et en pertinence. L'ouvrage rassemble sous le même toit des témoignages qui peuvent susciter l'intérêt mais on en reste là. Il n'est pas le travail de recherche abouti qu'on pourrait attendre d'une chercheuse en sociologie. Dommage. Tant pis.

dimanche 21 juin 2015

Mourir pour Kobané - Patrice Franceschi

Je ne pouvais passer à côté de ce témoignage. Kurde d'origine, j'ai suivi la lutte des forces kurdes contre les intégristes  musulmans en Syrie, j'ai été alarmée par l'avancée rapide et instantanée de Daech au Kurdistan, j'ai été horrifiée par le sort des Kurdes yezidis, j'ai été meurtrie par ces histoires de femmes et d'enfants capturées, vendues et violées. J'ai regardé, de là où j'étais, assise dans un fauteuil douillet, mon peuple encore une fois se faire massacrer, attaquer.

Moi qui pensais que les Kurdes ne connaîtraient plus jamais les horreurs du passé - persuadée qu'ils avaient survécu en silence et loin des regards aux crimes les plus atroces, moi qui pensais à un avenir plus heureux - persuadée qu'au pire succédait toujours le mieux, j'ai été frappée par la dure et triste réalité: les Kurdes sont encore une fois confrontés à l'horreur qui les avait un peu oubliés. Un peu oubliés, oui, car si le sort des Kurdes, avant l'arrivée de Daech, n'était pas à envier - toujours confrontés à la dure répression des autorités et incapables de vivre dans la pleine jouissance de leurs droits et libertés - ils vivaient mieux que par le passé. Mais voilà que la monstruosité de l'humanité vient, de nouveau, les frapper. Et on se dit alors que les Kurdes n'auront jamais le droit de respirer. A chaque souffle, chaque respiration, à chaque relèvement de tête, les Kurdes doivent payer le prix: leur sang doit couler. Plus d'un siècle de luttes et de combats acharnés contre les autorités turques, iraniennes, irakiennes et syriennes pour obtenir un peu de liberté et vivre librement de son identité mais rien n'y fait. Il faut encore lutter contre des ennemis toujours plus féroces et impitoyables dans cette région d'une grande instabilité. Que croyez-vous que l'on ressente? De la colère qui va parfois friser la haine, de la tristesse, du désarroi, du pessimisme, du désespoir. Fatiguée d'entendre des "experts" raconter des stupidités sur les Kurdes, lasse de voir les politiques "agir" quand il en va seulement de leurs intérêts, épuisée par le travail plus que pitoyable des journalistes longtemps - pour ne pas dire toujours - restés sous silence, j'ai fini, très jeune, par abandonner tout espoir, par ne plus croire aux déclarations des institutions nationales, internationales, gouvernementales, médiatiques. Très vite, j'ai appris en effet que les intérêts qui guidaient ce monde n'étaient pas de ceux que l'on avouait. Quand Kobané a été attaqué, je n'attendais donc rien des pays étrangers. Ils sont finalement venus aider. Par les frappes aériennes, ils ont apporté le soutien qui manquait aux Kurdes mais faut-il les en remercier? Certainement pas. Dans le sort du peuple kurde, ils ont une très lourde responsabilité. Et s'ils viennent à l'aider, c'est toujours pour sauvegarder leurs intérêts et exiger une contrepartie. La solidarité, on le sait, a un prix à payer. 

En lisant le témoignage réussi de Patrice Franceschi, j'ai vécu sous le coup des émotions. Tantôt en colère, tantôt triste, tantôt fière et pleine d'espoir, tantôt pessimiste et inquiète. Je me suis énervée contre l'Histoire et ses effets, contre la stupidité tragique de l'humanité, contre toutes celles et ceux qui n’avancent qu'en fonction de leurs intérêts politiques et économiques, contre la triste réalité de notre monde, contre les partis politiques kurdes incapables de faire l'unité. J'ai pleuré pour les Kurdes, pour cet ancien combattant qui, jusqu'à sa mort, gardait dans sa poche un morceau de pain, reste de son triste passé. J'ai sangloté parce que je suis une privilégiée que ses parents ont su protéger de la misère, de la guerre et de la pauvreté en s'enfuyant dans un pays étranger. La culpabilité mine toujours mon esprit. Je me sens coupable, comme d'autres, de vivre dans la paix quand les miens ailleurs luttent sans rechigner. Que faire? Comment les aider? Je suis coupable de ma passivité, de mon incapacité à penser une action sur le monde.

La douleur ressentie pendant la lecture a laissé place quelque fois à une immense fierté. Je suis fière, en effet, de ces Kurdes qui face à Daech défendent leur projet politique, exigent une démocratie laïque, respectueuse des minorités, de la diversité et de l'égalité entre les hommes et les femmes. Je suis fière de leur combativité, de leur sens du sacrifice, de leur foi en leur combat mais ai-je le droit de ressentir cette fierté? Qu'avons nous de commun en dehors de l'identité? Je ne suis pas de celles qui luttent et qui sacrifient sa vie pour le peuple et la patrie, je suis de celles qui s'intéressent à leurs causes et leurs combats, qui veulent voir venir leur succès mais à part ça? Ma fierté est toujours triste parce que je ne fais rien pour la mériter, parce que leur projet politique, pour exister, fait couler leur sang et celui de tous ces gens innocents qui n'ont que peu de moyens pour se défendre. Dois-je enfin vous écrire mon inquiétude? Inquiète, je le suis. Que va-t-il se passer quand les Kurdes auront obtenu ce qu'ils ont toujours tant espéré? L'ivresse de la victoire et du pouvoir va-t-elle les gagner au point de les éloigner des idéaux pour lesquels ils ont lutté? Sauront-ils, tant bien que mal, éviter les dérives d'un autoritarisme obligé puisqu'il s'agit d'établir et de protéger une démocratie dans une région et un territoire hostile à leur projet? 

Le témoignage de Patrice Franceschi, vous l'aurez compris, m'a émue par bien des aspects. Il m'a secouée, chamboulée parce que l'auteur connait. Il sait l'histoire des Kurdes, leurs luttes, leur combat, leurs problèmes, leurs difficultés. Il sait les problèmes internes et externes à la société kurde. Et parce qu'il sait, son témoignage gagne en respect et crédibilité. Certain(e)s pourraient contester sa "partialité". Je ne le ferai pas. Il a choisi son camp. Il soutient les Kurdes, on le sait. Mais il n'est pas aveugle. Il sait que les Kurdes devront, dans le cas d'une éventuelle victoire, avancer avec prudence et intelligence pour ne pas perdre le contrôle et tuer à petit feu leur projet révolutionnaire. Il suffit de se pencher sur l'Histoire pour percevoir les dangers qui courent après une Révolution. Les dirigeants kurdes en sont conscients. Ils savent les risques qu'ils encourent, les difficultés auxquelles ils sont et seront confrontés. Et il faudra les aider à les surmonter parce que tous nous savons qu'un projet politique, surtout quand il est de type révolutionnaire, ne se construit pas sans obstacles ni contrariétés. L'Histoire et la Vie nous ont maintes fois prouvé l'existence de la complexité, en tout point et en toute chose. A tous ces "experts" qui écrivent perchés sur leur bureau sans jamais avoir connu le terrain et qui se promènent de plateau en plateau pour dire que le P.K.K et le P.Y.D sont des organisations autoritaires voire totalitaires pour mieux les dénoncer, je citerai donc Patrice Franceschi qui écrit au mieux ce que j'ai toujours pensé:
"On reproche souvent son autoritarisme au principal parti Kurde, le P.Y.D, fédérateur de ce mouvement d'unité. On se méfie aussi de son affiliation au P.K.K d'origine marxiste. Mais c'est une guerre totale que le P.Y.D doit gérer. Une guerre de survie. Les atermoiements ne peuvent être de mise en cet instant, non plus que les facteurs de division. C'est cette unité, même imposée parfois, qui a fait la victoire de Kobané. Nombre d'Arabes, de chrétiens ou d'Arméniens combattent dans les troupes kurdes parce que cette unité existe. Sans cela, ils auraient tous connu le même délitement mortifère que l'Armée syrienne libre." (p.139)
Patrice Franceschi est loin de la frilosité et je l'en remercie sincèrement et profondément. Merci à lui de défendre sans sourciller les Kurdes, merci d'écrire leur lutte et leur combat qui ne se fait pas sans doute ni incertitude. Les organisations kurdes croient en la légitimité de leur combat, défendent les idéaux qui sont ceux a priori des "occidentaux" mais ils savent la difficulté de leur tâche dans une région qui ne se nourrit pas de l'idéal démocratique. Ils s'arment donc en conséquence parce qu'ils ont digéré la leçon apprise à leur dépens: la guerre impose ses lois et ce n'est pas en jouant aux bisounours qu'on la gagne. Celles et ceux qui ne l'ont pas compris sont prié(e)s de se rendre sur le terrain pour parler d'un autre lieu que celui de leur fion, excusez ma vulgarité, et/ou doivent lire avec attention Nelson Mendela qui disait avec une malheureuse lucidité: 
"Un combattant de la liberté apprend de façon brutale que c'est l'oppresseur qui définit la nature de la lutte, et il ne reste souvent à l'opprimé d'autres recours que d'utiliser les méthodes qui reflètent celles de l'oppresseur." (MANDELA, Nelson, Un long chemin vers la liberté, Le livre de poche, p. 203)
Les Kurdes savent ce qu'il en est:
"Les islamistes nous mettent une pression considérable et seule cette unité nous sauvera. Concilier cette unité avec la démocratie est un défi en tant de guerre, il ne faut pas se faire d'illusions. Mais nous sommes attentifs à ne pas perdre sur ce terrain." Aldar Khalil, membre du P.Y.D. (p.94)
Il y a tant de choses à dire, tant de choses à exprimer, à dénoncer mais j'en resterai là. Merci à Patrice Franceschi pour son témoignage et sa solidarité. Merci sincèrement. 


Mourir pour Kobané, Patrice Franceschi, Edition Equateurs, 144p, 13€

samedi 20 juin 2015

L'allée du sycomore - John Grisham

Seth Hubbard est retrouvé mort, pendu à un arbre. Le vieil homme, cancéreux, s'est suicidé, laissant derrière lui une famille depuis longtemps brisée et un testament qui fait l'objet d'un procès. Ses enfants dénoncent en effet la validité du document - défendu par l'avocat Jake Brigance - et contestent la décision de leur paternel qui a préféré léguer toute sa fortune à Lettie Lang, sa femme de ménage noire. Et la question se pose forcément: pourquoi? Pourquoi avoir transmis 90% de ses biens à une femme inconnue de la famille? Thriller judiciaire, c'est à cette question que répond très lentement le roman. Il nous laisse en effet découvrir en toute fin de procès les raisons de ce geste pour beaucoup inconsidéré. 

Qu'en penser? Eh bien, contre toute attente, j'ai apprécié. Agacée au départ par la construction qui impose un temps long, ennuyée par la description du processus judiciaire, irritée par une lenteur fatigante, je me suis finalement abandonnée. Je me suis laissée emporter. J'étais au côté des personnages, dans leur vie, leur procès. Je savais la fin, je devinais les raisons d'être du testament mais rien n'y fait j'étais accrochée. Je voulais lire mes soupçons qui pouvaient finalement être erronées. Pour être honnête, on flaire la chose avant même d'avoir lu le roman. La première de couverture et le titre en disent long. On sait comment les "Noirs" étaient lynchés et traités par les "Blancs" aux Etats-Unis. Le titre du roman et sa première de couverture sont dès lors loin de la subtilité. En tout cas, subtils, ils ne l'ont pas été pour moi et c'est sans difficulté aucune que j'ai su. J'ai su mais j'ai lu quand même. J'ai apprécié tout de même. J'ai pris plaisir à découvrir les personnages, à entrer dans leur vie, à vivre avec eux dans leur petite ville. J'ai bien aimé. Donc, je conseillerai. 

L'allée du sycomore, John Grisham, Edition France Loisirs, 545p, 19.99€

 

lundi 15 juin 2015

L'éternel mari - Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevski


Depuis L'Idiot que j'ai lu il y a quelques années, Dostoïevski était mis de côté. Je me refusais à lire un autre roman tiré de sa plume par "crainte" de vivre une nouvelle mauvaise expérience. Mais quenini ... L'Eternel mari que j'ai fini par choisir pour renouer avec l'auteur s'est révélé bien agréable, bien appréciable. 

L'histoire est simple. Très simple. Elle écrit la rencontre de Veltchaninov avec son ancien ami Troussotzky qui le cherchait depuis la mort de sa femme pour régler ses comptes. Lesquels? Veltchaninov a eu, par le passé, une relation avec la défunte. Cocufié, en colère et blessé, Troussotzky veut donc se venger. 

D'une écriture gracieuse et fluide, Dostoïevski raconte le remords de l'un - ancien amant - et la vengeance de l'autre - éternel mari. Il raconte les sentiments qui gagnent le cœur et l'esprit de ces deux hommes liés par un secret. Quand la colère et le ressentiment mènent le mari à la folie et au désastre, le repentir, lui, mine fortement l'intérieur de l'amant qui finit par améliorer son caractère. Différents, ces hommes ont en commun un tempérament et un comportement quelque peu excessif, très théâtralisé. Ici, j'ai retrouvé ce que j'avais déjà remarqué dans L'Idiot. Cette fois-ci, pas de gêne ni d'incompréhension, je conseillerai donc ce roman.

L'éternel mari, Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevski, Le Livre de Poche, 265p, 4.60€

mercredi 10 juin 2015

L'amour au temps des révoltes - Ahmet Altan

L'amour au temps des révoltes, c'est bien de ça qu'il s'agit; de gens qui pensent leurs amours et leurs désirs, qui racontent leurs tristesses et leurs désespoirs pendant que l'Histoire, elle, se dessine en attribuant la victoire politique et militaire aux Unionistes au détriment du Sultan qui devra quitter sa Porte Sublime. Nous sommes dans l'Empire ottoman, à Istanbul plus précisément, ville aux milles couleurs qui sera peinte en rouge sang. Il sera celui des camps qui s'opposent farouchement pour la mise en place de la Constitution ou l'application de la Charia. 

Dans ce roman d'une agréable poésie, le très célèbre journaliste turc nous invite ainsi à découvrir un peu l'histoire de son pays né du démantèlement de l'Empire ottoman. On y découvre des personnages qui vivent fastueusement dans leur villa et leur palais entre Salonique, Istanbul et Paris; des gens qui vivent les plaisirs de la vie; élégants et bien charmants. On imagine les femmes belles, puissantes et indépendantes; les hommes aux désirs inassouvis avec leur harem comme caprice naturelle de leur temps. On aperçoit les esclaves et les domestiques soumis à ces riches gens que l'on sent tiraillés entre deux mondes que l'on qualifiera, pour simplifier, d'occidental et d'oriental. Et, en fond, on observe s'enraciner avec violence le débat qui alimentera la future République de Turquie. On voit s'opposer, en effet, les partisans du Sultan qui veulent le maintien de son autorité et ceux qui préfèrent la mise en place d'une Constitution synonyme de modernisation, celle-ci ne supportant pas l'idée d'une application de la Charia. On le sait, les Unionistes l'emporteront; les militaires imposeront plus tard leur politique en Turquie en prétextant la démocratie et la laïcité quand il s'agira en vérité de profiter d'un pouvoir qu'ils ne voudront pas lâcher, encore moins aux religieux qui resteront toujours l'ennemi de leur passé. 

J'ai pris plaisir à découvrir ce roman. Il est beau, élégant, il est bien construit, bien amené. Il impose son temps, lent. Il m'a forcée, en effet, à le lire doucement, sans doute pour mieux le savourer? Ahmet Altan que j'apprécie particulièrement mérite bien son succès. Son roman est à conseiller. 

L'amour au temps des révoltes, Ahmet Altan, Actes Sud, 382p, 23€

dimanche 7 juin 2015

Comment sortir de l'emprise "djihadiste"? - Dounia Bouzar

A l'origine, parmi d'autres, de la création du Centre de prévention des dérives sectaires liées à l'islam (CPDSI), Dounia Bouzar nous raconte ici les processus d'endoctrinement, d'embrigadement, de déshumanisation engagés par l'Etat islamique ou Al-Nosra auprès de jeunes gens qui se laissent doucement voire rapidement apprivoiser. Comment s'y prennent-ils? Que font-ils pour gagner des individus au profil varié? Enfin et surtout, comment aider les "victimes" à sortir de leur emprise? 

Pour l'anthropologue de plus en plus en vue, tout se passe sur Internet. C'est sur la toile, sans limite, sans frontière, que les groupes dits radicaux vont à la pêche aux canards; des canards qui se cherchent des ailes pour pouvoir voler. Ils veulent faire de l'humanitaire, devenir des petits héros, sauver l'humanité de la décadence, tuer des gens en toute impunité, ils sont invités à rejoindre les troupes sanguinaires qui leur promettent ce qu'ils espèrent et attendent tant. La pêche fonctionne. Etat islamique et Al-Nosra, par leurs techniques de propagande qu'ils ont efficacement emprunté - ils n'ont rien inventé - parviennent à former le troupeau. Les canards mordent à l'hameçon et commencent progressivement à sortir de l'étang au grand dam des proches qui ne comprennent pas la rupture qui s'opère. Rien n'y fait, en effet. Les canards qui se pensent vilains veulent gagner des ailes et s'en vont auprès de ceux qui vont pourtant les leur couper, le canard devant, parmi eux, faire le canard, c'est à dire être servile, effacé, soumis à l'idéologie et à la nouvelle famille qui aime les têtes tranchées. 

Déshumanisés, incapables de réfléchir et de penser, les gens endoctrinés et embrigadés, victimes de processus sectaires, doivent, selon l'auteure et son équipe, être ré-humanisés, se reconnecter à la réalité de laquelle ils se sont échappés, retrouver leur autonomie perdue. Il faut dès lors s'intéresser au plus près à l'individu qui a fini par basculer; chercher dans son expérience, son passé ce qui a pu conduire à son égarement; trouver la cause du changement pour pouvoir définir la méthode et le chemin qui devra être emprunté pour le sauver, littéralement. Le travail est difficile. Il suppose de la patience et de l'intelligence, de la prudence et de la clairvoyance. Il suppose une chaîne humaine solidaire attentive aux évolutions de l'individu. Il suppose un travail d'équipe qui emploie des méthodes de "désembrigadement" éloignés, en conséquence, des discussions et des débats théologiques, les individus rejoignant physiquement ou idéologiquement Al-Nosra ou l'E.I étant pour le CPDSI des victimes de sectes et non d'une "organisation religieuse".

Et c'est là qu'on se pose la question: en est-on bien sûre? L'utilisation de procédés sectaires fait-il la secte? Autrement dit, E.I et Al Nosra sont-ils des sectes ou des mouvements politico/religieux qui utilisent les techniques d'approches d'une secte? On ne peut nier qu'ils ont un projet politique qui trouve sa légitimité dans leur interprétation de l'Islam et du Coran. On peut être en désaccord - on l'est forcément quand on n'est pas touché par leurs discours - mais force est de constater qu'ils agissent au nom d'une croyance politique et religieuse particulière qui, comme beaucoup, construit le "nous" en opposition à "eux" qu'ils n'hésitent effectivement pas à tuer. Dans leur tentative, jusque-là réussie, de se créer une assise territoriale - forcément violente puisqu'il y a expansion et contestation des frontières administratives établies- ils définissent les critères de "leur" collectivité comme le fait tout projet national et supprime, au nom de l'homogénéisation de la population, tout élément perturbateur. Qu'ont-ils inventé, au fond? E.I et Al-Nosra, sur fond de religiosité mal interprétée selon les spécialistes de l'Islam, mettent à l'oeuvre leur projet totalitaire et radicale qui, forcément, est violence et barbarie puisqu'une minorité convaincue agit pour appliquer le fruit d'une ambition politique démesurée à une majorité récalcitrante. L'Histoire nous a montré et prouvé ce que cela donnait: un désastre du point de vue de l'Humanité. Point de relativisation de ma part. Je dis simplement qu'ils n'ont rien inventé et qu'ils font ce que d'autres ont fait pour voir se concrétiser leur projet politique.  Ils le font avec du retard, leurs méthodes n'étant plus aujourd'hui acceptées par notre société de plus en plus attachée aux Droits de l'Homme. Alors secte ou mouvement politique? Bon, on pourrait me rétorquer qu'un mouvement politique peut être sectaire, sans doute, et qu'à la différence des autres ces groupuscules vont jusqu'à détruire l'identité et le privé. Bien mais qu'attendre d'autre d'un mouvement qui puise sa légitimité dans un texte religieux qui exige de l'individu qu'il agisse suivant les préceptes de Dieu dans le privé comme dans le public, les frontières n'étant pas aussi tranchées qu'elles le sont pour nos sociétés sécularisées? Établir une frontière entre le religieux et le politique est déjà, en soi, une difficulté pour moi insurmontable.

L'existence d'organisations comme celles d'Al Nostra, de l'Etat islamiques posent donc la question de leur identité: qu'est-ce qu'ils sont? Comment faut-il les considérer? Peut-on les penser avec les concepts et les mots qui sont les nôtres? Il faut pouvoir nommer pour comprendre et pour répondre avec clarté. Sinon, on se perd et on s'embrouille au point de dire comme le fait Dounia Bouzar, "attention je ne veux surtout pas entrer dans des débats théologiques" tout en expliquant qu'Al-Nosra et Etat islamique ne sont pas des musulmans parce qu'ils sont dans un Islam mal interprété. Si Dounia Bouzar ne fait pas, même involontairement, un débat théologique en nous disant ce qui est ou non de l'Islam, je ne sais pas ce qu'elle fait. Avocat du diable, on a envie de lui demander si ce n'est pas point de vue contre point de vue, interprétation contre interprétation. Et si n'était pas là le véritable enjeu? 

En lisant ce livre, très court et rapide à découvrir, je me suis demandée si Dounia Bouzar n'avouait pas finalement un manque de moyens pour lutter contre leur influence désastreuse. D'accord, on psychologise, individualise, on s'intéresse au parcours de chaque individu pour comprendre les motivations; d'accord on essaye avec la famille et les proches de les sortir du monde auquel ils ont adhéré mais n'a-t-on pas l'impression en lisant la seconde partie du livre, plus courte que la première qui porte sur les processus d'embrigadement, qu'il y a comme une faiblesse dans le propos, une incertitude, un doute qui contrastent avec la certitude de l'auteure lorsqu'elle pense les procédés d'endoctrinement? On sait comment ils procèdent mais est-on sûre de l'efficacité des moyens utilisés pour les contrer? La certitude n'est pas forcément.

En bref, le livre est intéressant parce que le sujet lui-même, tragique et effroyable, est intellectuellement passionnant. Il pose des questions auxquelles on n'a pas forcément de réponse. Le temps de les trouver, combien de têtes auront été coupées? Combien de vies auront été supprimées?

Essai envoyé par Les Editions de l'Atelier en partenariat avec Babelio.

Comment sortir de l'emprise "djihadiste"?, Dounia Bouzar, Les Editions de l'Atelier, 156p, 15€

jeudi 4 juin 2015

Parce qu'ils sont arméniens - Pınar Selek

C'est un livre témoignage que signe ici Pınar Selek, un livre où elle écrit la disparition et l'invisibilité arménienne en Turquie. Où sont les Arméniens? Ils ont été largement supprimés lors d'un génocide, ils ont été poussé à l'exil et ceux qui restent où sont-ils? Eh bien, on ne les voit pas, on ne les entend pas. Ils sont invisibles, sous silence. Dans un pays où il ne fait pas bon d'être arménien, ils s'enterrent tout seul comme des grands. C'est ce qu'on leur demande: l'effacement, une autre façon de les supprimer. 

En lisant ce livre, j'ai interrogé moi aussi. C'est vrai, où sont les arméniens? Dans mon entourage, il y en a, je l'ai appris il y a quelques années. Le kirve (parrain chez les alévis) de mon frère que je pensais kurde comme nous est, en fait, un arménien. Sa femme, venue de Turquie, est elle aussi arménienne. Sa mère, que j'ai pu rencontrée, aujourd'hui décédée, était une rescapée du génocide qui portait, sur son corps, les marques de l'horreur. Je l'ai appris tardivement. Pourquoi? Pourquoi ce silence? Pourquoi, quand nous affirmions, nous, avec force, notre identité kurde, notre parrain et sa compagne, amis de la famille, ne disaient rien de la leur? Pourquoi les prenais-je pour un kurde et une turque? Pourquoi est-ce au hasard d'une question posée à ma mère (au fait, maman, kirve O... est un kurde nan?) que j'ai découvert la vérité? Ils ne sont pas obligés d'affirmer à tout bout de champs leur identité me diriez-vous, oui bien sûre, mais ce silence pose forcément question quand on sait que chez nous - les gens qui viennent de l'officielle Turquie - on aime porter le drapeau du pays, de la ville, du village, du quartier. C'est ainsi, on crie haut et fort les lieux d'origines. Je savais ainsi les origines géographiques, territoriales de nos deux autres kirve qui sont turcs, alévis, de Yozgat pour l'un, d'Amasya pour l'autre. Ils étaient fiers de préciser. Et notre parrain arménien? Le silence. Tout comme le silence se porte sur une "rumeur" qui circule au sein de ma famille. Ma grand-mère maternelle aurait des origines arméniennes. Info ou intox? Je dirais intox mais si c'était info? Je pense alors à ce que m'a dit un jour mon cousin qui vit toujours au Kurdistan quand je discutais avec lui de son rapport à l'identité kurde. "Que sait-on de notre identité dans ce pays? Est-on sûre d’être kurde? On peut être descendant d'arméniens." Que lui répondre? 

Ce livre témoignage doit donc être lu pour la question qu'il pose. Pınar Selek a raison de rappeler. Où sont donc les arméniens s'il n'y avait pas eu génocide? Pourquoi se rendent-ils tous aussi invisibles si ce n'est pour cacher une identité qui leur a valu une mort assurée? Il faut interroger pour que la Turquie sorte de ses mensonges répétées, de ses négations éhontées. Seulement, j'aurais aimé que la question se pose avec plus de profondeurs. J'aurais aimé, en effet, que Pınar Selek aille au bout de son écriture, qu'elle aille fouiller davantage le sujet, qu'elle ne se contente pas d'un texte court, simple qui frise, parfois, le raccourci. Ainsi, lorsqu'elle critique à très forte raison la gauche révolutionnaire turque longtemps restée aveugle au sort des Kurdes et des Arméniens, est-il intellectuellement juste de crier au "déni de génocide" à quelques "élucubrations" (c'est son mot) qu'elle entend: "Ce sont des gens méfiants, ils ne se mêlent pas trop aux autres. Ils ne parlent même pas leur propre langue. Le nationalisme est le plus grand obstacle à la science!" (p.55). Pourtant, c'est un constat, celui qu'elle fait en partie; un constat bien triste qui est la conséquence même du processus génocidaire et qui n'exprime pas, à mon sens en tout cas, un "déni de génocide". Ou alors, faut-il qu'elle nous l'explique. Plutôt qu'un déni de génocide, j'y vois moi, sur la fin de la phrase, une pure connerie; la connerie de toutes celles et ceux qui, dit de gauche, crient au nationalisme ou l'ultranationalisme quand ils entendent un kurde se dire "kurde" et un arménien se dire "arménien". On a envie de leur dire à ces génies qu'au nom de leur internationalisme mal gobé ils devaient, eux non plus, ne plus se présenter comme "turcs" au risque d'être présentés comme des nationalistes. Mais leur cul posé sur un siège dominant - en tant que Turc, ils n'ont pas le souci de la souffrance endurée en raison de l'identité - ils n'ont pas vu, ces gens de l'extrême gauche, qu'ils étaient eux aussi atteint du nationalisme qu'ils dénonçaient tant. Ils n'ont pas vu qu'en criant au nationalisme kurde ou arménien lorsqu'il s'agissait simplement, pour eux, d'énoncer un droit à l'existence et la fin des injustes souffrances ils ont perdu un peu beaucoup, à nos yeux, de leur fameuse crédibilité. Voilà ce qu'aurait dû expliquer Pınar Selek. Voilà ce qu'elle aurait dû davantage explorer.

J'aurais préféré, quitte à ne pas être d'accord, une analyse détaillée à un versement de bons sentiments même si, je le conçois, ils sont nécessaires pour le bien qu'ils nous font. J'aurai aimé que Pınar Selek aborde parfaitement son propos sans se perdre dans le malheur de sa vie qui est un tout autre sujet et qui mérite, à lui seul, un autre essai. J'aurais aimé ... mais j'ai aimé quand même pour le regard et la tendresse qu'elle porte à toutes les identités opprimées. Merci Pınar Selek.

Parce qu'ils sont arméniens, Pınar Selek, Editions Liana Levi, 94p, 10€

mercredi 3 juin 2015

Envol pour le paradis - Jean Marie Defossez

Je ne lis jamais la littérature jeunesse. Faute d'intérêt. Faute d'a priori. Je pense à une écriture trop simple, à une narration superficielle, à des histoires faciles. Je pense qu'elle ne m'est pas destinée, ne pouvant trouver en elle des qualités que je pourrais apprécier. Je suis une fille d'a priori, donc. Constatez, ils ne m'ont pas empêchée d'ouvrir les pages de ce roman jeunesse qui s'intéresse à l'histoire d'un jeune allemand contraint et forcé de participer à la jeunesse hitlérienne au grand dam de ses parents. Ceux-là avaient refusé sa rencontre avec le nazisme. Elle aura lieu, malheureusement. Et il s'agira pour nous de voir ce qu'il adviendra de ce personnage. Va-t-il se laisser gagner par le discours nazi? Va-t-il se laisser emporter par le mouvement? Résistera-t-il? 

Le roman n'est pas mal. Bien sûre, ce n'est pas ma littérature, mais il fait son effet. Il pose des questions. Il interroge. Il montre l'embrigadement, la propagande, les méthodes employées par le régime nazi pour profiter de "sa" jeunesse, forcément instrumentalisée. L'écriture est souple, très simple. Le roman est court, se lit d'une traite. Il distrait en faisant un peu d'Histoire. Pour des jeunes adolescent(e)s, surtout en mal de lecture, ce livre est donc à conseiller. Je l'aurais en tout cas mis entre les mains des miens s'ils avaient existé. Plus tard, qui sait.

Envol pour le paradis, Jean-Marie Defossez, Edition France Loisirs, 204p, 9.50€

Ziyan - Hakan Günday

Décidément. Je crois que les "auteurs les plus promoteurs de la littérature turque" que j'enchaîne ces derniers temps ne sont pas fait pour moi. Après avoir connu une grande déception avec Murat Uyurkulak, une insatisfaction avec Pınar Selek, une incompréhension totale avec Aslı Erdoğan voilà que je découvre l'ennui avec Hakan Günday. Ziyan n'a pas fonctionné avec moi. Je me suis ennuyée à sa lecture. Le propos, bien qu'intéressant, était lassant et répétitif. Critiquer l'armée turque, son fonctionnement et ses objectifs, j'approuve fortement. Dénoncer le service militaire obligatoire, le statut de conscrit, j'adhère totalement. Fustiger l'hypocrisie et la saloperie des gouvernants turcs qui font de l'Armée le lieux sacré où le citoyen doit se sacrifier quand ils savent, en vérité, l'horreur qui est au point qu'ils font tout pour ne pas y envoyer leurs protégés, j'adhère complètement. Accuser les crimes d'honneurs et les violences tribales chez moi au Kurdistan (dit Sud-Est de la Turquie), je dis oui forcément. Très bien et après? Que gagne-t-on à lire pendant des centaines de pages qu'il fait froid et que le soldat souffre de froid? Que ses gardes sont affreuses, lassantes, ennuyantes? Que, merde alors, l'armée n'offre qu'une chienne de vie? Je veux bien lire la vie qui se mène au cours du service militaire en Turquie mais j'aimerai, dans ce cas là, qu'on me raconte tout et qu'on ne se contente pas d'écrire, pendant les 2/3 du roman, les gardes qui se font dans le froid qui bouffe le corps et l'esprit même pour me dire que le froid est peut-être responsable de l'apparition d'un fantôme, même pour me dire que l'armée n'offre que cette pauvre activité. Parce que le résultat, c'est la répétition, la pauvreté du discours et l'ennui. La diversité manque à ce roman. L'écriture n'a pas aidé, l'ayant trouvée lourde et elle aussi lassante. Intérêt s'il y a eu, il ne s'est exprimé qu'en toute fin de roman lorsque j'en appris un peu plus sur ce Ziya Hurşit, fantôme qui vient hanter, pendant ses heures de gardes en particulier, l'esprit de notre soldat un peu beaucoup dérangé. En dehors de ça, j'ai lu mais sans grand intérêt. 

Ziyan, Hakan Günday, Galaade Editions, 429p, 24€