jeudi 1 janvier 2015

Eugénie Grandet - Honoré de Balzac

Amoureuse de la littérature classique, je retrouve, dans ce petit livre, tous les ingrédients qui font les bons et grands romans: une intelligence dans l'analyse, une puissance dans la construction, une beauté dans l'écriture. Avec talent et efficacité, Honoré de Balzac fait ce qui me plait: une critique acerbe et sans pitié de la société. Et c'est à l'argent qu'il s'attaque; à ses effets pervers qu'il s'en prend. 

Il raconte ainsi le père Grandet dont l'autorité et l'intransigeance s'accroissent en même temps que son avidité. Il aime l'or et la richesse, n'est jamais rassasié, en veut toujours plus; jamais pour en profiter, toujours pour s’enivrer. Il raconte le cousin Grandet, jeune homme pur et sans mauvaise pensée qui, au contact de l'argent amassé, devient un être d'une grande cupidité. Il raconte des familles qui espèrent contracter mariage pour amasser toujours plus de fortune. Il raconte des personnages qui voient leur bonheur dans l'ascension sociale et la richesse. Il raconte une société qui rêve d'opulence et qui, jamais assouvie, est prête à tout pour se réaliser. 

Et dans ce monde sans principe ni valeur, se dresse une dame qui brille par sa pureté et son intégrité. C'est Eugénie Grandet. Elle est désintéressée. Elle est amour, fidèle et inaltéré. Elle est générosité. Elle est tout ce que ce monde au contact de l'argent ne peut être: elle est une âme qui mérite la sainteté. Elle est chrétienne. 

Intelligent et intéressant, ce roman rappelle l'essentiel: il y a plus important que l'argent. Il y a les principes et les valeurs. Il y a la bonté et la générosité. Il y a l'amour, l'amitié et la parenté. Dans le monde moderne où l'argent est devenu Roi par la volonté de l'Homme, où la puissance et le respect se gagnent par le capital amassé, où l'argent est le moyen par lequel chacun(e) est censé(e) se réaliser - pour devenir quelqu'un, il est bon de rappeler l'évidence: l'argent n'est rien. Il n'a de valeur que celle qu'on accepte de lui accorder. Et s'il est devenu l'instrument de torture qu'on connait, s'il est devenu l'épée tranchante qui fait des morts par milliers, s'il a des propriétés si contestées, c'est parce que l'Homme en a fait sa nouvelle arme aiguisée. Et ce que l'Homme a décidé, il peut tout à fait le modifier. On peut toujours rêver. C'est qu'il ne sait toujours pas penser le bonheur et le respect en dehors des marques de supériorité. 

Eugénie Grandet, Honoré de Balzac, Livre de poche, 306p, 3€

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire