lundi 22 décembre 2014

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur - Harper Lee

Trompée par la quatrième de couverture, c'est à la première qu'il fallait me fier. Et encore ... que nous dit réellement ce visage d'enfant sur le roman? A priori, rien. A posteriori, davantage que le résumé proposé. 

La quatrième de couverture a mené mon imagination en erreur. Elle m'a fait croire à un roman exclusif sur Atticus Finch, "avocat intègre et rigoureux, commis d'office pour défendre un Noir accusé d'avoir violé une Blanche". Elle m'a fait croire à une histoire sur la ségrégation et l'injustice - notamment judiciaire-  infligée à une population colorée. Elle m'a persuadée (je me suis auto-persuadée pour être honnête) que j'allais, dans ce livre, découvrir un combat acharné; celui d'un avocat blanc pour son client noir; celui d'un humaniste contre le racisme et la discrimination; celui d'un homme blanc pour les droits civiques des Noirs aux Etats-Unis. Je pensais, en effet, lire l'histoire d'un homme noir accusé à tort; suivre une procédure judiciaire infâme et injuste; admirer un homme blanc aux valeurs incontestables et pester contre une majorité aux préjugés et aux opinions insupportables. J'ai pensé juste ... un peu ... mais je n'ai pas imaginé le reste.

Le reste, c'est l'histoire de cette fille, Jean Louise, appelée Scout, qui raconte quelques années de son enfance. Elle raconte sa famille, son père (M. Atticus Finch), son grand frère et son histoire. Elle raconte sa rue, son quartier et sa ville. Elle raconte ses jeux, ses désirs et ses colères. Elle raconte ce que, petite fille, elle perçoit de son environnement et ce qu'elle a, entre autres, vécu lors de ce procès où son père est appelé à défendre un Noir accusé de viol. Elle raconte de sa forte voix la société dans laquelle elle vit et les personnages qu'elle rencontre. Et c'est elle qu'on entend exclusivement. C'est à travers son regard que l'on prend connaissance des thèmes cités préalablement. Car, contrairement à ce que j'ai pu pensé à l'achat de ce roman, ceux-là ne sont pas le cœur même du livre. Ils ne font qu'entourer la petite voix qui parle, ils ne font que construire l'environnement dont elle se fait le témoin. 

Ce livre est, en effet, un livre sur l'enfance. Pour être plus exacte, il fait l'analyse du monde adulte à travers le regard de l'enfance. Il porte la voix d'une petite fille qui vit dans une société donnée et qui, tout naturellement, témoigne du ségrégationnisme, des préjugés tenus par les Blancs sur les Noirs, des rapports de force entre les deux communautés. Il parle de l'Autre, du regard qu'on lui porte, de l'image qu'on s'en fait. Il parle d'une enfant qui résiste, s'interroge et apprend à grandir. Il parle d'une voix que je n'avais pas soupçonnée. Moins puissante et moins articulée. En cela, j'ai été un peu surprise et décontenancée. En cela, j'ai été un peu frustrée. Car c'était moins bien que ce que je pouvais espérer.

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, Harper Lee, Livre de poche, 446p, 6.60 €

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire